LA PASSE

La passe, Lacan nous l’a donnée ainsi, est au cœur du dispositif de l’Ecole de psychanalyse. D’une part il indique que l’Ecole est le lieu où s’enregistre, où se garantit, la formation de l’analyste. D’autre part la nomination des Analystes de l’École (AE) est l’indication de ce qu’une psychanalyse peut arriver à son terme et produire du psychanalyste. Cette base a trouvé son assise plus large dans la définition de l’Ecole-Une que Jacques-Alain Miller nous a proposée. C’est dans cette perspective que l’EFP envisage la passe et c’est à travers les Ecoles qui la composent qu’elle la met en pratique.

L’ECF dispose d’une Commission de la passe dont le règlement a été régulièrement mis à jour pour tenir compte du travail conjoint de deux cartels de la passe. Sa longue expérience de plus de trente ans lui permet de faire autorité et les demandes de passe, les nominations d’AE sont ces dernières années nombreuses et régulières.

L’ELP dispose depuis 2011 d’un cartel de la passe qui fonctionne. Un collège de la passe en a fait le bilan en 2015, renouvelant la volonté de poursuivre l’expérience.

Un cartel de la passe a été mis en place en 2016 pour la SLP et la NLS, remplaçant le dispositif « ad hoc » jusque-là en vigueur. Deux AE ou anciens AE de la SLP, deux membres ou anciens membres de la Commission de la passe de l’ECF le composent et ont choisi un Plus-Un, AME de la SLP. Les AME de la NLS et de la SLP, comme ceux des autres Écoles européennes, peuvent désigner des passeurs dont la liste est modérée par le Président de l’EFP.

Le secrétariat de la passe de ce cartel est composé de deux AME, désignés par le président de l’EFP en accord avec le président de la SLP, appréciant l’opportunité d’accueillir une demande de passe.

Les AE soutiennent des enseignements dans les régions, plus régulièrement dans les villes qui sont le siège des Ecoles, et témoignent lors des Journées des différentes Ecoles. Les échanges d’un pays à l’autre donnent toute sa portée à l’Ecole-Une en Europe. Des Journées consacrées à la passe (Question d’Ecole à l’ECF, Rencontre Elucidation en Espagne à la SLP, Conversation à la SLP ou dans certains groupes de la NLS) témoignent de la volonté commune au sein de l’EFP de mettre la passe au cœur de l’Ecole.

La passe à l’ECF

Anne Lysy,

Secrétaire de la Commission de la passe 2016-2017

On entend partout citer la formule de Lacan : « L’analyste ne s’autorise que de lui-même ». C’est une phrase souvent mal comprise, ou comprise dans le sens : « n’importe qui peut se dire analyste sans en référer à quiconque ». Il s’agit d’un mésusage d’une formule dont la signification est toute autre. Elle signale au contraire que, dans sa pratique, l’analyste n’a pas d’autre choix que d’assumer la pleine responsabilité de son acte.

On oublie aussi que Lacan, loin d’encourager une pratique anarchique de la psychanalyse, dès qu’il a fondé sa propre Ecole, après sa rupture avec l’Association psychanalytique internationale (IPA), s’est rapidement préoccupé de mettre en place des dispositifs innovants afin d’assurer le contrôle de la formation des analystes que cette Ecole admettait comme membres.

L’un de ces dispositifs a pour nom « La passe ».

Qu’est-ce que la passe ?

Sonia Chiriaco

La passe concerne la fin de l’analyse. C’est à la fois un moment dans l’analyse, un événement, qui peut d’ailleurs se répéter plusieurs fois, qui indique que l’analyse est sur le point de se terminer, et c’est aussi une procédure qui permet de vérifier la conclusion de l’analyse.
Cette procédure a été inventée par Lacan en 1967 ; elle est en vigueur dans l’école de la cause freudienne, elle y tient même une place centrale.

Qu’est-ce que cette procédure de la passe? C’est à la fois très simple et très sophistiqué.

La passe, interprétation de la psychanalyse

Esthela SOLANO-SUAREZ

Considérer la passe comme l’interprétation majeure de la psychanalyse donnée par Lacan me semble une proposition très féconde, dont on peut tirer des conséquences. Cette proposition a été avancée par J.-A. Miller dans son cours du 19 mars 2008. Elle est solidaire d’un abord de l’œuvre de Freud et de l’enseignement de Lacan à la lumière de l’interprétation de la psychanalyse sans cesse renouvelée. Dans ce sens, l’interprétation s’avère ne pas être unique et figée, car elle est « effet et fonction du temps qui passe » et de ce fait, elle prend en compte les effets et les conséquences de la pratique de la psychanalyse sur la psychanalyse.
Cet effet du temps et de la pratique se vérifie comme étant aussi efficace et agissant au niveau de l’interprétation de la passe. Depuis son interprétation inaugurale, celle de la proposition d’octobre 67, Lacan en a donné d’autres versions, au fil des avancées de son enseignement.