Désir de famille et clinique des filiations
Dès 1938 Jacques Lacan pose la famille humaine comme une institution (1). Les tentatives forcenées de la réduire à un fait biologique relève d’une cause perdue visant à protéger l’ordre naturel du réel, particulièrement dans les questions de reproduction et de sexualité. L’illusion d’une prétendue famille naturelle a volé en éclats depuis que la science a touché à la nature et que le réel s’en est échappé, provoquant un grand désordre dans les structures traditionnelles de l’expérience humaine. C’est sur fond de ces impasses croissantes que Jacques-Alain Miller appelait en 2012 à une mise à jour de notre pratique analytique (2).
Les interventions de la technologie sur le vivant ont ainsi produit « des disruptions de plus en plus nombreuses et surprenantes dans les champs de la procréation, du genre et de la filiation » (3) nous mettant « en présence d’une fragmentation de la substance biogénétique de la parenté » (4). Vouloir un enfant confine à la revendication d’obtenir du marché un produit disponible grâce à la science. Le diagnostic pré-implantatoire ouvre la porte à un déséquilibre démographique sans précédent quant au choix du sexe, voire aux pires tentations d’eugénisme…