Mental n°42 – Contagion : partout des épidémies

Mental n°42 – Contagion : partout des épidémies

Sommaire

Éditorial
Partout des épidémies Claude Parchliniak

Bascule des temps
Humus poeticus Jacques-Alain Miller

Témoignage
Convoqué ! Jean-Daniel Matet

Chroniques lacaniennes de la pandémie
Les biopolitiques de la pandémie et le corps,
matière de l’angoisse Éric Laurent
Le réel de la science et de la psychanalyse Philippe Hellebois
Les virus parmi nous : considérations sur la covid-19 Alfonso Leo
La science aux commandes Luisella Brusa
Folies technologiques : quand le serveur se sert Nicolás Landriscini
Les applications anti-covid : rêve technologique et sacrifice volontaire
Quentin Dumoulin
À propos de cette normalité qui nous tue Gustavo Dessal
Le virus qui rend fou et son effet loupe Anaëlle Lebovits-Quenehen
Pandémie : haine et extrême droite Joaquín Caretti Ríos
Choix forcé ? Marie-Hélène Brousse
29/03/2020 Sans maquillage Céline Menghi
Inséparés Virginie Leblanc
Après-coup. Pourquoi une certaine privation de liberté peut-elle
provoquer un choc traumatique ? Pierre Naveau

L’entretien de Mental
Des microbes et des hommes Entretien avec Patrice Debré

Équivoque de la contagion
Le virus de la psychanalyse. Contagion ou transmission ? Pascale Fari
Un subtil parasitage : la fonction du passeur Beatriz Gonzalez-Renou
Note sur le capitaine cruel Philippe Hellebois
De Dora au Pas’sage Michel-Yves Billotte et Charline Lameille

Bouillon de culture
La guerre des mondes Gérard Wajcman
La République des Lettres Jean-Claude Encalado
Parasite Marion Evin
Contagion, un symptôme américain Isabelle Pontécaille
Pas de théâtre sans contagion ! Sophie Charles

Transmission
Faire-Un-Ø Florencia F.-C. Shanahan

Partout de l’autisme
Modalités du transfert de l’autiste Jean-Claude Maleval

Échos des Écoles européennes
Réponses des Écoles européennes de psychanalyse à la crise pandémique

Domenico Cosenza
Faire silence, converser et désirer Angelina Harari
La solitude comme partenaire ecf Laurent Dupont
À l’improviste : une nouvelle page à écrire slpcf Loretta Biondi
La pandémie et la nls Bernard Seynhaeve
Ne pas perdre l’horizon du symptôme Oscar Ventura

La cause de l’Autisme : Observatoire de l’autisme

La cause de l’Autisme : Observatoire de l’autisme

Observatoire de l’autisme  – Mars 2020

Projet Erasmus

En juillet 2019, un projet présenté aux instances européennes est accepté pour une durée de trois années. Ce projet réunit des intervenants en institutions, des associations de parents et des enseignants de divers pays de l’Union européenne.

Son objet est celui de l’inclusion des enfants autistes dans un enseignement qui leur soit adapté. `

Il financera des rencontres internationales, des publications et toutes  initiatives, actions et projets sur ce thème de l’inclusion.

Une première réunion d’organisation s’est déroulée à l’université de Rennes porteur du projet (Michel Grollier) en novembre 2019.

Une première rencontre  des acteurs du projet devait avoir lieu à Venise. Elle est ajournée suite à l’actualité de la pandémie du coronavirus.

Le monde au singulier, exposition à Clermont-Ferrand

L’exposition qui a pris son départ à l’initiative de l’association de parents Teadir et de l’institution pour enfants  à Saragosse, Patinete, soutenue activement par Gracia Viscasillas et Pedro Gras, continue sa pérégrination à travers les villes européennes. En novembre dernier, Clermont-Ferrand l’accueillait à la Chapelle des Cordonniers.

Ensuite, elle est invitée à Toulouse pour le début de 2020.

Colloque Autisme et Robotique du 7 et 8 novembre 2019

A l’initiative de Myriam Cherel, un colloque s’est tenu dans les locaux de l’université de Rennes. Son thème était d’interroger la pertinence ou la non-pertinence de l’usage qui est fait des robots et du numérique dans le champ de l’autisme. Eric Laurent, Jean-Claude Maleval, Myriam Cherel, Marie-Hélène Brousse et de nombreux chercheurs de l’université y ont pris la parole.

A cette occasion, Carlos-David Illescas Vacas, un artiste et autiste de l’exposition « Un monde au singulier » a pris la parole pour y témoigner de son projet d’œuvre artistique sur les jeux Olympiques.

A son retour, il a fait un détour par Clermont-Ferrand pour y animer une activité en marge de l’exposition en cours.

Pour l’Observatoire de l’autisme,

Bruno de Halleux

La cause de l’Autisme : Se faire entendre sans Autre

La cause de l’Autisme : Se faire entendre sans Autre

Se faire entendre sans Autre

Avec Michel Grollier, psychanalyste membre de l’ECF, professeur des universités,
directeur de l’équipe d’Accueil Recherche en psychopathologie à Rennes,
échanges cliniques avec
Valérie Gay-Corajoud, mère de 5 enfants dont Théo, autiste ;
formatrice, conseil et soutien pour les professionnels travaillant avec des personnes autistes ;
chargée de communication de l’association La Main à l’oreille ; vice président de l’association Améthyste.
Charles Cullard, psychologue, directeur de l’IME La Maison des Enfants au Pays,
à Poligné (ted&tsa), fondateur et responsable d’accueil à La Marmaille, à Rennes (accueil ludique pour enfants autistes).

La cause de l’Autisme : Pratique à plusieurs et transfert : paradoxe ?

La cause de l’Autisme : Pratique à plusieurs et transfert : paradoxe ?

Pratique à plusieurs et transfert : paradoxe ?

Pour ce rendez-vous du CERA, Guy Poblome interviendra sur la question « Pratique à plusieurs et transfert : paradoxe ? », avant des échanges cliniques avec Juliette Parchliniak et Françoise Baudoin.

> Guy Poblome est psychanalyste membre de l’ECF, directeur thérapeutique de l’Antenne 110 (Belgique).
> Juliette Parchliniak est psychologue en hôpital psychiatrique à Bruxelles ; elle a été intervenante à La Soucoupe.
> Françoise Baudoin est enseignante, trésorière de La Main à l’Oreille, mère de Zoé, accueillie au CTR de Nonette depuis 2006.

Infos pratiques
Samedi 11 janvier 2020, de 10h précises à 12h
Accueil à partir de 9h30
Ecole de la Cause freudienne
1 rue Huysmans, Paris 6e
Informations et inscriptions : cerautisme2017@gmail.com

Prochains rendez-vous les samedis matins 29 février, 21 mars, 25 avril et 20 juin, sans oublier la journée du CERA, le samedi 16 mai.
Découvrir et télécharger le programme complet en cliquant ici.

Le Centre d’études et de recherches sur l’autisme (CERA) est une création de l’École de la Cause freudienne. Il a pour vocation l’enseignement et la recherche sur l’accueil et l’accompagnement des sujets autistes. Il vise à mettre en lumière les perspectives nouvelles qui, plutôt que d’imposer des conduites hypernormatives et homogénéisantes, font une place aux sujets autistes et accueillent leur singularité. Il soutient le libre choix des méthodes d’accueil et d’accompagnement des autistes. Les psychanalystes y donnent témoignage de l’enseignement unique issu de leurs rencontres avec des enfants ou des adultes autistes. Ils y dialoguent avec des autistes, des parents et d’autres praticiens.
Le CERA propose un enseignement mensuel uniquement à Paris, à l’ECF, et une fois tous les deux ans une Journée d’études.

Le CERA a tenu sa première Journée en mars 2018, sur le thème AUTISME ET PARENTALITE. La seconde journée aura lieu le 16 mai 2020 à Paris sur le thème AUTISME ET LIEN SOCIAL.
Les praticiens, les parents, les sujets autistes qui ne se reconnaissent pas dans le discours ambiant qui vise une hypernormativité, peuvent, au CERA, faire entendre leur voix.

La cause de l’Autisme : Première Journée du CERA

La cause de l’Autisme : Première Journée du CERA

Première Journée du Centre d’études et de recherches sur l’autisme (CERA) 10 mars 2018, Paris

 

La création du CERA a eu lieu durant l’été 2017, suite au lancement du 4ème Plan autisme par le gouvernement français. Il répond à la « nécessité d’un moment épistémique et politique », a déclaré Christiane Alberti, lors de l’ouverture de la journée. « Le champ de l’autisme est devenu le haut lieu d’une bataille entre des modes de savoir bien différents », rappelait Eric Laurent, dans La Bataille de l’autisme[1]. Les psychanalystes s’engagent ainsi, avec et auprès des parents et des sujets autistes, dans ce qui est devenu une cause, celle de l’autisme ».

En choisissant pour thème de la première journée du CERA « Autisme et parentalité », la psychanalyse non seulement reconnaît la place des parents en tant que partenaires incontournables dans le travail engagé avec les sujets autistes, mais donne également une place à leur savoir, issu d’une

expérience singulière avec leur enfant.

Cette cause est soutenue « à plusieurs ». Un nouage peut dès lors se tisser entre ces différents partenaires et leurs savoirs, qui enrichit l’élaboration d’un travail permettant à la singularité de chacun de se déployer, respectant et accueillant les trouvailles des sujets eux-mêmes. C’est ce dont témoignent parents et psychanalystes tout au long de cette journée. La parole est un acte. Elle se décline en plusieurs axes : institutions, école, débat public. Les psychanalystes s’intéressent eux aussi à ces axes de la parole rappelle Jean Robert Rabanel.

 « Se faire partenaire en institution » est la première table de la matinée. Les intervenants, parents, (Françoise Baudoin) et psychanalystes (Dominique Holvoet et Daniel Pasqualin), démontrent l’importance de ce nouage pour que le travail du sujet puisse être possible. C’est dans cette rencontre que le transfert se noue et que s’amorce le lien particulier de l’institution avec l’enfant et ses parents. Chacun des intervenants témoigne de la fonction singulière de ce partenariat, ouvrant de nouvelles perspectives et faisant émerger des inventions qui lui permettent  de mieux faire avec ses impasses. Pas les uns sans les autres.

Christiane Alberti et Bruno de Halleux dialoguent ensuite avec Jacqueline Léger à propos de son livre Un autisme qui se dit…Fantôme mélancolique. Sa famille était nombreuse, « une chance », dit-elle. Mais surtout elle parlera de l’importance décisive de sa fratrie, car ses frères et sœurs « l’habillaient ». Interrogée par les psychanalystes, elle parle également de la relation avec sa mère. Celle-ci lui a offert un jour un petit carnet, « secret » car petit selon elle. Ce cadeau de sa mère a été comme une « invitation à l’écriture ». L’écriture la « désencombrait ».

« Faire école » relève d’un pari. Comment faut-il que l’école se transforme pour accueillir ces enfants et leur permettre d’ouvrir leur horizon aux autres savoirs ? Comment permettre aux enseignants de transmettre leur désir de savoir ? A quelles conditions faire école pour l’enfant autiste, afin qu’il puisse s’y inscrire, comme tout un chacun, y inscrire sa singularité et qu’elle soit reconnue ? Valérie Gay-Corajoud, mère de Théo, témoigne de la solution trouvée pour ouvrir à son fils un horizon aux savoirs d’une manière qui lui ressemble. Un psychanalyste, Yves-Claude Stavy, et un enseignant, David Marec, abordent, chacun de sa place, ce qui a été au fondement du pari de l’IHSEA[2]: préserver la singularité, les inventions de chacun qui lui permettent de circuler dans le monde et de « rendre la chose scolaire possible ».

« Se faire parent » La question Comment se faire parent d’un enfant autiste ?déplace la perspective du comment il faut être ou il faut faire de bons parents vers un se faire parent qui s’invente. (Myriam Chérel).

Les témoignages des parents d’enfants dit autistes nous apprennent comment combattre cet il faut pour faire avec le réel ineffable de leur enfant. Chacun a exposé son expérience existentielle à travers laquelle il s’est fait parent. L’expérience d’être vidée du savoir face à son enfant autiste pour Mireille Battut[3], pour qui se faire mère consiste à reprendre en décalé le savoir dont elle s’est vidée et à consentir à ce bricolage : enregistrer son fils jouant du piano, puis entendre les effets de cela sur lui (Alexandre Stevens).

L’expérience de prise de parole pour Fabrice Bonnet [4], médecin expert dans une commission de la HAS[5], pour dire haut et fort son désaccord avec l’affirmation qu’il n’y a pas de souffrance dans l’autisme et qu’il n’y avait donc rien à faire, cet acte de parole lui a valu nombre de critiques. Pour lui, être père, c’est prêter attention à la souffrance de son enfant.

Pour Marc Langlois, être père c’est d’abord aller à la rencontre de son enfant pour lui-même, et pour personne d’autre, puis accepter la répétition chez son fils pour permettre l’invention. Tel que garder un petit Boeing à la main pendant les douze heures de vol d’avion Boeing.

L’énonciation de ces parents est inoubliable.

Jean-Claude Maleval présente une recherche rigoureuse pour comprendre d’où vient l’idée qui court dans les médias que les psychanalystes culpabilisent les parents. Il en démontre les contradictions et conclut que la culpabilité des parents est arrivée par la proposition des traitements éducatifs, qui devraient être administrés à l’enfant autiste 40 heures par semaine, dont les coûts sont très élevés, et auxquels la famille doit participer. Le président de la HAS se plaignait en 2012 de l’absence d’études scientifiques concernant les méthodes psycho dynamiques. Trois sont maintenant disponibles. Toutes mettent en évidence des effets positifs concernant la prise en charge d’enfants autistes.

Eric Laurent apporte une recherche sur un  néologisme, la parentalité, Signifiant maître du XXI s. qui participe de « la société capacitaire » qui normative les autistes. Il analyse les changements dus aux efforts réalisés ces dernières années par les associations des parents, dans les textes en préparation au 4e Plan autisme : « Mettre l’accent sur la parentalité, c’est pour nous mettre l’accent sur l’invention ».

L’invention du CERA continue au point que personne ne sait ce que sera le CERA, reconnaît Gil Caroz, président de l’ECF, en conclusion de la journée.

 

Adela Bande Alcantud et Claudia Vilela

[1] Laurent Eric, La bataille de l’autisme. De la  clinique  à la  politique, Paris, éd Navarin, édition actualisée 2018

[2] Institut Hospitalier de Soin et Etude pour Adolescents.

[3] Présidente-fondatrice de l’association La Main à l’oreille (2012).

[4] Membre de l’association RAAHP, Rassemblement pour une approche de l’autisme humanitaire et plurielle (2014).

[5] Haute Autorité de santé, organisme qui légifère sur les bonnes pratiques avec les autistes en France.